Dans les musées, je regarde les portraits comme je regarde les autres visiteurs ou les gardiens assis sur les chaises. Bien sûr, avec le filtre supplémentaire de la peinture. Mais comme des “autres”. Parfois le regard des modèles me trouble, comme dans un conte fantastique où les yeux d’un tableau sont vivants et, horreur, vous suivent quand vous bougez. Ou bien je renverse les rôles et j’imagine que ce sont eux qui nous regardent les regarder. En face de portraits officiels ou de portraits-charges défilent des spectateurs qui ne leur cèdent en rien pour la raideur ou le ridicule. J’imagine tout cela pour m’arracher au côté mortuaire du portrait (d’ailleurs on devrait dire: un mortrait, un automortrait). P. Lejeune